Pantera, le tiercé gagnant (partie 1)

Publié le par vincedaace

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Cet article-dossier sur Pantera constitue le premier chapitre d'une série de papiers sur des groupes à la discographie riche d'au moins cinq albums, dont sont extraits de façon tout à fait subjective les trois meilleurs albums, à savoir ici Vulgar Display of Power, The Great Southern Trendkill et Reinventing the Steel. Ceci dit c'est la première partie, mais vu que je digresse grave, il y en aura sans doute plus que trois ! Je suis un pédant insupportable, et alors ?!

 

 

 

 

 

 

 

 

Pantera est un groupe fondé au milieu des années 80 au Texas par Phil Anselmo, Rex Brown à la basse, Vinnie Paul derrière les fûts et le guitariste Dimebag Darrell, paix à son âme, se charge de la guitare.

 

On dit souvent : Kirk Hammett (Metallica, ndlr) est le meilleur heavy gratteux avec Rick Rubin (Slayer, ndlr), Steve Harris (Iron Maiden, ndlr) le meilleur bassiste et Dave Lombardo (Slayer) et Raymond Herrera (Fear Factory, ndlr) se partagent les faveurs à la batterie. C'est faux en partie, car à eux quatre, les cinglés de Pantera sont les meilleurs !

 

Nul ne contestera la suprématie d'Anselmo au chant, capable de passer des invectives gutturales d'un Jamey Jasta à la liturgie plaintive d'un Eddie Vedder (Pearl Jam, ndlr), le tout sans filet de protection, la constante mise en danger étant d'ailleurs l'une des principales caractéristiques du pape du power-metal ricain.

Dimebag Darrell est lui aussi un drôle d'animal : à la manière d'un Jimmy Page (Led Zep, ndlr), Darrell enregistre séparément rythmiques, solos et effets, juxtapose le tout en un magma démoniaque.

Pour faire prendre le tabasco du gumbo (car Pantera puise de nombreuses racines en Louisiane), une rythmique impeccable : le discret mais efficace Rex Brown se contente d'appuyer la grosse caisse ou les cocottes vénéneuses de Darrell, en brave soldat au regard vide et inquiétant de raton laveur sous acide. Quant à Vinnie Paul, c'est tout simplement le meilleur : un jeu régulier, assez classique, mais qui s'embarrasse à l'envi des fioritures d'une double pédale bienvenue. Si Pantera était un bus lancé sur l'autoroute du rock'n'roll, Paul en assurerait sans nul doute la conduite, Brown se chargeant de faire le plein avec sa basse wahwah liquide, Anselmo s'occupant de la fumette et Darrell d'entraîner quelques gueuses ramassées ça et là sur la route.

Car une chose est sûre, en bons texans, les Pantera sont furieusement rock'n'roll : fumette, picole, baise, la sainte Trinité. Allez, rentrons dans le vif du sujet de ce groupe doux dingue qui mériterait sa place au panthéon aux côtés de Metallica et du King Elvis !

 

Formé au milieu des années 80, Pantera était un groupe fadasse de glam metal comme on en faisait un peu trop à l'époque, et qui perdait de sa saveur une fois les volutes de pollution du Sunset Boulevard dissipées. Fuck, le quatuor muscle son jeu comme Robert et « invente » le power metal : entre guillemets seulement, plusieurs autres en revendiquant la genèse. En effet quoi, en effet rien du tout ! Peu importe que Pantera ait inventé ou non le power metal, variante plus groovy du heavy-trash, ils étaient tout simplement les meilleurs et ont semé les fruits dans bien d'autres genres : le trash classique a vu son sang fouetté, le heavy a mûri, le nu-metal a pris des couilles, le heavy blues s'est paré de son plus beau cyan, le sludge et le stoner modernes sont carrément nés avec The Great Southern Trendkill, what else ?! Rien, à part rentrer dans le vif du sujet, bis !

 

Requinqués par l'arrivée de Phil au chant, le quatuor texan sort un quatrième skeud où son nouveau leader pose sa voix racée et enragée sur le bien nommé « Power Metal » qui marque la transition du glam vers le power. On passera sur ce premier véritable effort par la force des choses puisqu'il n'est point disponible sur Deezer. La transition passée, le groupe sort son premier album notable, « Cowboys from hell », avec un de ses premiers chefs d'oeuvre, « Cemetary Gates » (rien à voir avec l'homonyme des Smiths parue un peu plus tôt, on voit mal l'un de ces ogres enchaîner les Kleenex sur les tourments de Morrissey et les guitares cristallines de Johnny Marr !). Une chanson qui indique clairement le virage existentialiste obscur entamé sur le précédent, ainsi que la recherche de finesse parfois plus qu'esquissée par le surprenant Darrell dans ses compos, car c'est sur une guitare cristalline, haha!, que démarre ce véritable hit : « Nothing new for me to see », « left in my misery », le ton est donné, la disto peut lâcher la purée, dans un mélange de rage et de désolation, les enchaînements acoustico-électriques sont messianiques, les college radios (radios qui font la pluie et le beau temps musical aux States chez les très courtisé adulescents, ndlr) commencent à se dire « On tient quelque chose, là, dudes ! Pantera, sept lettres, parfait pour le mot le plus long comme pour le merchandising, un chanteur grungy capable de pousser les aigus façon Axl Rose, une section rythmique trashy et un gratteux qui sait tout faire, on va zarder de la galette avec eux ! Suffit d'exagérer la dépression du chanteur, de mettre un chapeau au gratteux, un bracelet électronique au bassiste, et de faire passer le batteur pour un bon gros nounours, à mi-chemin entre le roadie du groupe et la mascotte, quoi ! Ce groupe est groovy, ce groupe est catchy, ce groupe est soulful ! »

 

Effectivement, 1 750 000 ventes, c'est du lourd, et « Cemetary Gates » est loin d'être un one shot sur cet album assez homogène où figurent également l'accrocheuse « Cowboys from Hell », « Psycho Holiday », certes brouillonne mais typique du son power metal, des chansons qui cherchent, de façon parfois forcée, à forger l'identité du groupe, comme la chargée mais redoutable « Domination », l'excentrique « Medicine Man », traditionnelle chanson-hommage aux opiacés inévitable sur les opus suivants. Avec la très riche « The Sleep », le groupe montre une nouvelle fois qu'il ne plaisante pas. On l'a dit c'est brouillon, plutôt impossible à s'enfiler d'une traite, mais cet album porte en lui tous les espoirs de metalleux au regard hagard et aux yeux écarlates qui se disent : « Metallica déchire, Motley Crue sodomise sa race, Alice in Chains me fout les frissons, pourquoi ne pas créer une nouvelle hydroponique de synthèse à même de concilier toute cette merde ?! ». Ainsi naquit Pantera, par cet album qui trouve son parfait aboutissement en « Vulgar Display of Power », qui des deux "top selling albums" du groupe, est selon moi le meilleur, servi par un son moins poli que l 'à peine moins bon « Far Beyond Driven ». Les yankees ne s'y sont d'ailleurs pas trompé, puisque c'est à ce jour l'album du groupe qui s'est le mieux vendu...

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